GC MAGAZINE
#07 | JANVIER/FÉVRIER 2017 |
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DOSSIER
| MAISONS À ÉNERGIE POSITIVE
10 livrées aujourd’hui sont tou-
jours équipées de VMC simple
flux hygroréglables, système
typiquement français complé-
tement dissocié du chauffage,
le monde de la ventilation va
certainement connaître, avec
l’émergence de lamaisonà éner-
gie positive, une petite révolu-
tion.
« Sur une maison vendue
200000 euros, laVMC installée
vaut paradoxalement quelques
centaines d’euros. Il va falloir
faire entrer dans lesmœurs qu’il
faut investir davantage sur le
poste ventilation. Dès lors que
l’on expliquera que la ventila-
tion peut également chauffer et
que, afin de connaître en temps
réel la qualité de l’air, des sondes
mesurant le taux de CO
2
seront
installées dans les maisons, la
perception des ménages et des
acteurs du génie climatique
évoluera rapidement »
, prédit
Etienne Wurtz.
Même son de cloche chez
Thierry Rieser, qui a succédé, il
y a peu, à Olivier Sidler, à la tête
d’Enertech, bureau d’études
qui a bâti sa réputation en se
positionnant à l’avant-garde
de la performance énergétique
des bâtiments.
« Si la VMC hy-
groréglable fonctionne, elle ré-
duit les débits. Ils deviennent
si faibles qu’ils posent alors un
problème sanitaire. Et si elle ne
marche pas, ce qui est très sou-
vent le cas, elle renouvelle l’air
avec des taux aussi importants
qu’en auto-réglable, ce qui pose
là un problème de performance
énergétique »
, note Thierry
Rieser qui conclut que seule la
VMC double flux peut donc au-
jourd’hui apporter une solution
satisfaisante.
«Ladoublefluxne sedéploiepas
sur lemarché à cause de sonprix
et de l’inconvénient des gaines
qui secroisent et s’entrecroisent.
C’est la plupart du temps un
électricien qui la pose et les
gaines sont souvent écrasées.
Bref c’est un beau systèmemais
troponéreux au regardde l'éner-
gie récupérée (à l'exception de
climats très rigoureux) et qui
fonctionne rarement »
, précise
EtienneWurtz, qui prédit que ce
sont les systèmes de ventilation
insufflant l’air dans la maison –
dispositif permettant également
de filtrer l’air et de le préchauf-
fer – qui vont connaitre un
LES IMPERFECTIONS DU NOUVEAU LABEL
«BÂTIMENT À ÉNERGIE POSITIVE ET RÉDUCTION CARBONE»
Le nouveau label «E+ C-» préfigure ce que sera la
prochaine réglementation 2018 ou 2020. Il propose
pour cela quatre niveaux de performance pour
l’«Energie» – bilan énergétique prenant en compte,
pour la première fois, les consommations des
équipements électroménagers et informatiques – et
deux pour le «Carbone» – estimation des émissions
de gaz à effet de serre sur
l’ensemble du cycle de vie du
bâtiment et sur les produits de
construction et équipements
utilisés. Le niveau « Energie
4 » correspond à l’atteinte de l’équilibre entre
consommation non renouvelable et production
d’électricité renouvelable, autrement dit au bâtiment
à énergie positive.
Le bois, énergétiquement invisible
Les représentants de la filière bois-énergie semblent
avoir eu l’oreille attentive des pouvoirs publics
lors de la rédaction des détails du label. Si jusqu’à
présent le coefficient de passage de l’énergie finale
à l’énergie primaire (énergie finale +pertes liées au
transport + consommation en amont des produc-
teurs et des transformateurs), dans les calculs
réglementaires, était pour le bois de 1, il est dans le
nouveau label de 0. Autrement dit,cela revient à ne
pas comptabiliser le recours au bois dans le bilan
énergétique.
« Le fait que le bois avait jusqu’à présent un coeffi-
cient de passage en énergie primaire de 1, le même
que le gaz ou le fioul, était problématique car le bois
est une énergie renouvelable.
Mais faire passer ce coeffi-
cient à 0 nous choque. Cela
revient à dire : vous pouvez
construire des passoires
thermiques et les équiper d’une grosse chaudière à
granulés, vous aurez le label »
, souligne le gérant du
bureau d’études Enertech Thierry Rieser.
Bilan carbone grossier pour le lot CVC
Sur le volet carbone, le label propose un ratio pour
modéliser le lot chauffage/ventilation.
«Saisir des
mètres linéaires de gaines est compliqué. C’est donc
très bien de proposer des ratios mais il ne peut pas y
en avoir qu’un seul par macro-lot. Aujourd’hui, dans le
label, le lot CVC a le même poids carbone que l’on soit
en simple flux ou double flux et avec une petite ou
une grosse chaudière»
, pointe Thierry Rieser.
•••
C’EST DIT
THIERRY RIESER,
gérant du bureau
d’études Enertech.
« Si la VMC
hygroréglable
fonctionne, elle
réduit les débits.
Ils deviennent
si faibles qu’ils
posent alors
un problème
sanitaire. Et si
elle ne marche
pas, ce qui est très
souvent le cas,
elle renouvelle
l’air avec des taux
aussi importants
qu’en auto-
réglable, ce qui
pose là un
problème de
performance
énergétique »