Génie Climatique Magazine n°7 - page 44

44
| JANVIER/FÉVRIER 2017 |
GC MAGAZINE
#07
DOSSIER
| MAISONS À ÉNERGIE POSITIVE
INTERVIEW
«La rénovation thermique
sera low-tech ou ne sera pas »
Pour Thierry Rieser, gérant du bureau d’études Enertech, chaque situation a sa solution.
Cependant, afin de massifier la rénovation énergétique performante dans les maisons,
il prescrit un remède universel : des bouquets de travaux standardisés mais flexibles et
le passage obligatoire au double flux. Il devient alors possible, selon lui, de chauffer toute
la maison avec un unique poêle à bois.
GCM :
Faut-il selon vous avoir
l’ambition de transformer les
maisons existantes en maisons
à énergie positive ?
T. R. :
C’est intéressant pour des
programmespilotesmaispasen-
coremassifiable sur le plan éco-
nomique. Les derniers kWh qui
permettraient d’atteindre l’éner-
gie positive nécessiteraient un
investissement nettement plus
important et trop élevé pour
en valoir la peine. L’optimum
technico-économique nous
semble être une rénovation qui
vise pour le poste chauffage une
consommation de 50 kWh/m²
d’énergie primaire.
GCM :
Y a-t-il selon vous un re-
mède miracle pour massifier la
rénovation énergétique perfor-
mante ?
T. R. :
Après avoir travaillé sur
l’enveloppe, pour atteindre un
niveau de performance satis-
faisant, il est selon nous indis-
pensable de passer à une VMC
double flux qui n’est pas unéqui-
pement réservé au neuf mais
également une solution pour
l’existant. Notamment grâce la
mise sur le marché d’équipe-
ments compacts et décentrali-
sés, ainsi que des systèmes de
conduits semi-rigides qui sont
à la fois très étanches à l’air
et à faibles pertes de charges,
ce qui réduit énormément la
consommation d’électricité. La
chaleur de l’air extrait servant
à faire monter en température
l’air neuf, il est alors possible
d’envisager un équipement de
chauffage de petite puissance.
GCM :
Parmi les différents équi-
pements de petite puissance, y
en a-t-il un, à la lumière des
nombreux projets que vous avez
menés, qui se distingue ?
T. R. :
Le poêle au bois a, selon
nous, plusieurs avantages. Tout
d’abord, en disposant un unique
émetteur de chaleur, on évite
l’installation d’importantes
longueurs de tuyaux dans le cas
où l’habitation n’en dispose pas
avant rénovation. De plus, le
poêle à bois a l’avantage d’obli-
ger le ménage à s’intéresser de
près à sa consommation éner-
gétique. En achetant ses bûches
ou ses sacs de granulés, le mé-
nage mesure concrètement ce
qu’il consomme. Alors qu’avec
une facture d’électricité, de
fioul ou de gaz, il reste très dis-
tant de la réalité de ses besoins
de chauffage.
GCM :
Mais le poêle est-il tout
terrain ?
T. R. :
C’est une solution contrai-
gnante techniquement car elle
exige de faire passer un conduit
de fumée. De plus, le poêle doit
être très étanche à l’air et dispo-
ser d’une amenée d’air extérieur.
Mais aujourd’hui les industriels
proposent des équipements qui
fonctionnentsurventouse.Alors
en accolant le poêle à unmur on
s’en sort toujours. Il existe aussi
des conduits de fumée « double
flux » verticaux, fonctionnant
sur le même principe.
GCM :
Mis dans unemaison déjà
équipée de radiateurs à eau, pré-
conisez-vous de vous en passer
et d’opter pour un émetteur de
chaleur unique ?
T. R. :
Non, il faut s’adapter à
chaque configuration existante.
Si des radiateurs sont en place,
il est certainement plus intéres-
sant de remplacer la chaudière,
pourunappareil à condensation,
de faible puissance etmodulant.
GCM :
Si on comprend l’intérêt
technique de la combinaison
d’une VMC double flux et du
poêle à bois, ce mariage est-il
compétitif ?
C’EST DIT
«Nous apprécions
beaucoup les PAC
géothermiques
mais faire venir
une foreuse
en maison
individuelle se
révèle onéreux,
en tout cas pour
l’instant en
France. Ce n’est
pas le cas
en Suisse…»
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