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| JANVIER/FÉVRIER 2017 |
GC MAGAZINE
#07
DATES CLÉS
2005
passe chef d’agence
2006
rachète 50 % des parts
à son père
2008
sa sœur rachète
les autres 50 %
2016
45 salariés
et CA de 4 millions
(45 % dans le génie
climatique)
C’EST DIT
«Une affaire
familiale
implique de
partager ses
déceptions
professionnelles
avec ses
proches. Mais
regarder deux
générations en
arrière donne
la force de
dépasser les
divergences
de vue pour
toujours aller
de l’avant »
PARCOURS
SÉVERINE DANIES-SAUVESTRE
De père en filles
Séverine Danies-Sauvestre est aux commandes, avec sa sœur Audrey, de la
Sarl Gallego, entreprise bordelaise de 45 salariés partagés entre la couverture
et le génie climatique. Elle a repris la société familiale fondée par son grand-
père en faisant tout ce qu’il faut pour éviter le sobriquet de «fille à papa ».
L’histoire entrepreneuriale des Gallego a com-
mencé comme beaucoup d’autres PME du bâ-
timent, de l’autre côté des Pyrénées. Lorsque la
guerre civile éclate en Espagne, le grand-père de
Séverine traverse la frontière pour trouver des
cieux plus cléments. Loin du régime de Franco,
fraîchement débarqué dans le Médoc, il se met à
refaire la couverture des châteaux locaux.
Il pourra rapidement s’appuyer sur son fils qui,
habité du même esprit d'entreprendre , passe un
CAPdeplombier-zingueur - formationdésormais
révolue -, pour devenir le premier apprenti de son
père. En reprenant l’entreprise, il déménagera en
borduredeBordeauxet,grâceàsaformationoffrant
unedoublecasquette, l’ouvriraaugénieclimatique
et la fera passer, en s’orientant vers les marchés
d’entretienàbons de commande, de3à25 salariés.
Le petite Séverine qui grandit dans la maison
jouxtant les bureaux de la société voit tous ces
nouveaux employés débarquer. Elle partage leur
quotidien et leur monde mais pour autant, l’idée
d’en faire partie ne lui traverse pas encore l’esprit.
«Mon père avait déjà quelque chose en tête.Mais
moi, à 20 ans, en tant que femme, je n’y pensais
pas »
, se souvient Séverine qui terminait alors un
BTS de communication. Néanmoins petit à petit,
elle semet à seconder son père et en 2005 elle est
officiellement chef d’agence.
Femmes au pouvoir
Mais la vie d’une entreprise familiale n’est pas un
long fleuve tranquille et la collaborationpère-fille
a ses limites.
«Monpèrem’a appris toutes les bases
et a été un exemple pour moi. Mais la période
où je n’étais que chef d’agence, et lui toujours
le patron, n'a pas été simple. Il y a un moment
où les choses doivent se faire par la force. Il faut
prendre au sens propre comme figuré la place du
chef »
, souligne Séverine qui, ne souhaitant pas
que l’image de «fille à papa » lui colle à la peau, a
alors exigé de racheter les parts de l’entreprise à
sonpère. Sa sœurmarchera dans ses pas et rachè-
tera quelques années plus tard les parts restantes.
Une fois aux commandes, elles imprimeront leur
marque en donnant même une nouvelle orienta-
tion à l’entreprise : la collaboration avec les entre-
prises générales.
«Nous étions arrivés à un niveau
destructurationquinouspermetd’êtremeilleursur
laqualitéetlasécuritéetdoncdetravaillerpourdes
entreprises qui décrochent de gros appels d’offres
globaux.Monpèreétaitréticentcar,àl’époque,c’était
DavidcontreGoliath.Maisfinalement,noussommes
avecGTM(Vinci) et Eiffage - leaders surBordeaux
enrénovation–dansuneréellecollaborationetnon
pasdansunrapportdeforce.Uneentreprisegénérale
peutprendreunrisquesurunmétierqu’ellemaîtrise,
remplacer le maçon ou le plaquiste défaillant lui
posera moins de problème qu’un souci au niveau
du génie climatique. Donc ils ne cherchent pas à
écraser nos prix»
, explique Séverine.
Quand on lui demande si ce n’est pas difficile de
reprendre une entreprise de couverture-génie cli-
matique, elle n’est pas du genre à tenter de nous
faire sortir lesmouchoirs.
« Je pouvaism’appuyer
sur le réseau de mon père qui me connaissait déjà
et j’avais les codes et le langage du bâtiment, c’est
pourquoi être une femme ne m’a pas obligée à me
battre »
. Néanmoins, elle reconnait que les choses
auraientsurementétépluscompliquéessielleavait
dûlefaireenvenantd’unautreunivers.
«Unhomme
peut arriverdumondede l’assurance, racheterune
entreprisedegénieclimatiqueetêtrerespecté.Pour
une femme, cela est mission (quasi) impossible »
.
Mais ce scénario ne devrait pas arriver chez les
Gallego. Du haut de ses trois ans, sa nièce Eléa
observe déjà sa tante s’activer aux côtés de sa sœur.
Il y a des chances pour que l’avenir de l’affaire fa-
miliale se conjugue une nouvelle fois au féminin…
